SAISON 2 : LA SANTÉ EN SÉRIES

9e épisode des séries médicales

L’HEURE DU BILAN

Est-ce parce que la santé est la grande préoccupation de l’homme depuis des millénaires que la médecine est un des thèmes les plus abordés des séries télévisées médicales ? Qui sait ! Quoi qu’il en soit, les scénaristes ont puisé dans la pratique médicale et chirurgicale, de l’infirmière aux grands patrons, en temps de paix ou en temps de guerre, et sur tous les continents, pour bâtir des intrigues, des plus réalistes aux plus farfelues.

Chez Sterling Cooper, nous avons saisi l’occasion de cette profusion de séries télévisées médicales pour alimenter notre saga mensuelle tout au long de l’année 2016. Pour arbitraire qu’il fut, notre choix s’est porté sur les grandes séries, dites cultes pour certaines. C’est le cas d’URGENCES qui aura été, si ce n’est une série pionnière en la matière, en tout cas celle qui a incontestablement marqué le public, même si son succès a reposé en grande partie sur la découverte (ou presque !) d’un acteur à la renommée aujourd’hui universelle : Georges Clooney.

Nous avons mis à l’honneur deux séries françaises, NINA, toujours en cours de diffusion et l’incontournable H, série apparentée à un sitcom, un délire né de la rencontre de Djamel Debbouze avec le duo Éric et Ramzi. Enfin, au mois de novembre, nous nous sommes attardés sur une de nos découvertes, la plus belle de l’année, THE KNICK, une reconstitution époustouflante du New York des années 1900, théâtre des exploits chirurgicaux du Dr John Thackery, filmés de main de maître par Steven Soderbergh.

Reste aux curieux et aux addicts des thèmes médicaux à faire leur propre choix.

Pour notre part, nous avons décidé, pour ce dernier épisode de l’année, de franchir la barrière et de nous retrouver du côté des malades et non plus des soignants. Vous objecterez avec raison que des héros de série qu’on peut considérer comme « des doux dingues » ou « des grands malades » sont foison et vous vous demanderez pourquoi nous avons privilégié trois séries en particulier (BREAKING BAD, UNFORGETTABLE et MONK). La raison est simple. À chaque fois, au regard de la nosographie, le personnage principal est « un vrai malade » et la série correspondante a fait partie des grandes séries à succès.

BREAKING BAD (Le chimiste)

Grand ruiné de la vie, le professeur Walter White, brillant professeur de chimie, vit à Albuquerque avec un fils handicapé, et sa femme, enceinte de leur deuxième enfant. Le ciel lui tombe sur la tête le jour où il apprend qu’il est atteint d’un cancer des poumons, en phase terminale. Solution trouvée par notre chercheur pour s’offrir la coûteuse chimiothérapie : fabriquer et vendre de la méthamphétamine, drogue hautement addictive. L’Obama care a des progrès à faire ! De là à ce que notre héros, aidé d’un ancien élève du nom de Jesse, devienne un dealer et un serial killer, il n’y a qu’un pas franchi allègrement par l’imaginatif scénariste Vince Gilligan, trouvant là matière à alimenter les cinq saisons, au terme desquelles Walt va …

Damnation ! Nous allions commettre un crime de lèse-série en révélant, ou plutôt en spoilant la fin tragique du héros (prononcer « spoïlant » et non « s’poilant », qui a un tout autre sens !).

UNFORGETTABLE (Mémoire sous enquête)

L’hypermnésie, la faculté de se souvenir de tout, est une authentique maladie dont souffrent bon nombre de héros de romans et de films, et certains personnages apparaissant dans des épisodes de séries télévisées (Dr House, saison 7 ou No limit, saison 3). Le thème se prête à l’invention d’intrigues originales, policières ou non. Mais qu’il soit le fil rouge de plus d’une soixantaine d’épisodes d’une même série est une autre paire de manche. Et le talent de la belle Poppy Montgomery (11), dans le rôle de la fliquette hypermnésique Carrie Wells, ne suffit pas à nous tenir en haleine au-delà de la première saison.

 

On comprend vite comment son retour dans l’équipe de la criminelle devient un atout dans la résolution des énigmes, à commencer par le meurtre de sa sœur, vingt-cinq ans auparavant, jamais encore élucidé. Mais la série s’essouffle, ne sortant pas du sempiternel rituel dans le cheminement des enquêtes, n’offrant que peu d’épaisseur psychologique à l’héroïne, dont le don est plus celui d’un phénomène de foire que le stigmate d’une maladie psychiatrique aussi rare et passionnante que complexe. Unforgettable = inoubliable ? C’est moins sûr !

MONK

On a beaucoup plus d’affection pour le sympathique Adrian Monk (Tony Shalboub) et sa fidèle assistante et infirmière Sharona Fleming ; une aide dévouée, au moins pour quelques saisons avant d’être remplacée par une barmaid, mère célibataire, Natalie Teeger. Monk est un grand névrosé, véritable sujet d’étude pour apprentis psychiatres. Et dont nous aimerions que Boris Cyrulnik nous détaille les efforts de résilience. Rendez-vous compte : sa mère ne supportait aucun contact physique et son père a pris la tangente alors qu’il était encore enfant. La mort de son épouse, victime d’un attentat à la bombe, a fini de ruiner la santé mentale du pauvre Monk, écarté un temps de la police. Il ne la réintègre un peu plus tard que comme consultant privé car l’homme a développé des dons d’observation et de déduction tout à fait extraordinaires, qui lui permettent de résoudre les énigmes policières les plus complexes. Il y a du grand Sherlock dans notre pauvre Monk, un Sherlock assailli de phobies et de troubles obsessionnels les plus variés qui font de sa vie un enfer. Sous le trait de la caricature, Monk est aussi, parfois, le miroir de nos propres névroses et c’est en cela que le personnage nous semble proche, nous obligeant à nous interroger sur le concept de normalité. Il faut attendre le dernier épisode de la dernière saison pour qu’il découvre enfin le meurtrier de sa femme. Ne boudant pas notre plaisir, on suggérerait volontiers aux scénaristes une saison supplémentaire des aventures névrotiques d’Adrian Monk (14), à la recherche par exemple de son père absent !

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