SAISON 2 : LA SANTÉ EN SÉRIES

7e Série : NINA

(Création Thalia Rebinsky et Alain Robillard)

À LA RECHERCHE DU DIAGNOSTIC PERDU

S’il est difficile de prévoir l’influence du courant pacifique El Niño sur le réchauffement climatique, il est facile d’entrevoir celle de la série médicale Nina sur le moral de la ménagère de moins de cinquante ans.

Comme en témoigne les fameux chiffres d’audience, on assiste, au fur et à mesure des épisodes, à un engouement croissant pour des scénarii à l’eau de rose, truffés de bons sentiments et de patients à moitié morts, heureusement ressuscités ! Mais, à force de vouloir copier les grands succès des séries médicales américaines, les scénaristes de Nina se prennent de temps en temps les pieds dans le brancard. Ainsi, les histoires de cœur ne sont pas sans rappeler cinquante nuances de Grey’s anatomy. Quant aux diagnostics improbables, ils nous évoquent la démarche certes claudicante, mais bien plus rigoureuse du Dr House.

Seul avantage, on sait que nous ne sommes pas dans de la « télé-réalité » ! Enfin, histoire de nous offrir l’incontournable toubib irascible, un Docteur Proust, s’étant fait griller la place de chef de service, traine sa mauvaise humeur et ses réflexions sarcastiques à longueur d’épisodes. Devant tout son staff médical, il n’hésite pas à traiter les patients d’abrutis, d’affubler la pauvre Nina du surnom de « Machine » et son interne souffre-douleur d’un respectueux « Poupon ». Seul lueur d’humanité chez ce personnage qui donne tout de suite envie d’être hospitalisé (ailleurs !), il cède dès le premier épisode aux avances de la surveillante ; en voilà deux de casés !

Mais la série ne fait que commencer, pleine de rebondissements, et de sauteries par la même occasion. Les autres personnages, à l’image de l’héroïne, sont, eux, pétris de bons sentiments et d’amour du prochain ; on se réjouit alors de voir que tous ces acteurs de santé, quotidiennement confrontés à la détresse humaine, savent se ressourcer dans les bras, ou les draps, les uns des autres. Nina avec son ex-mari après un détour vers le beau psy du service, Dorothée la stagiaire blonde et nunuche, avec l’interne de passage, beau gosse rongé par la timidité, et l’infirmière modèle avec son patient à belle gueule, héros de la guerre du Mali, amputé de la jambe droite, mais fierté de son papa général ! Ces quelques exemples sont extraits des premières aventures de Nina ; le meilleur est sûrement à venir…

Le seul regret au milieu de toute cette débauche d’envolées sentimentales et d’approximations médicales, c’est qu’aucun des protagonistes n’ait pris cinq minutes pour nous parler de Madeleine Brès, qui a donné son nom à l’hôpital où ils exercent. Ils nous auraient appris qu’il s’agissait d’une grande dame, première française docteur en médecine après une thèse soutenue le 3 juin 1875, auteur de livres de puériculture et initiatrice de la première crèche, inaugurée en 1893 dans le quartier des Batignolles.

HISTOIRE DE SE METTRE DANS LE BAIN

Résumé de l’épisode 1 de la saison 1.

D’emblée, beaucoup de drames ! Nina accompagnant sa fille, rescapée d’un cancer au bout de dix ans de lutte acharnée, sauve la vie après deux minutes de massage cardiaque, d’un piéton renversé par une voiture. Résultat, horreur, elle arrive avec un quart d’heure en retard à l’hôpital, le premier jour où elle prend son poste d’infirmière stagiaire ! Engueulade par la surveillante et entrée dans son environnement professionnel et bientôt personnel de son infirmière référente, Léo !

Catastrophe, on apprend que Léo, squattant provisoirement un local désaffecté de l’hôpital est en réalité SDF, comme beaucoup d’infirmières, bien sûr !

Heureusement Nina, l’héroïne, lui sauve la vie en l’accueillant chez elle. Entre temps, on réalise qu’en fait, quelle coïncidence, elle fait son stage dans le service de son ex-mari, Costa.

On se dit que la croisière ne va pas être simple. On n’a pas tort ; ça commence dans l’ascenseur où Nina fait la connaissance d’Hélène, une pédiatre de trente ans, nouvel amour de Costa. Forcément, elles font toutes les deux la tronche. En fait, on n’est pas dupe et on est prêt à parier qu’Hélène a du souci à se faire, même si le psy de service, bel homme, va sûrement tenter sa chance auprès de Nina.

On a déjà évoqué plus haut le Dr Proust, un mal embouché qui traite Nina comme une moins que rien, croyant se venger ainsi de Costa qui lui a piqué la place de chef. Du pur réalisme hospitalier ! C’est dire que le suspens est à son comble. Afin de nous changer un peu les idées, on a droit à quelques passes autour du lit de malades, histoire de nous rappeler que nous sommes dans un hôpital et non pas dans Amour, sexe et vidéo dans le 91. Parlons donc de médecine ; les premiers patients sont un enfant et sa mère. On ne comprend rien à ce qu’ils racontent, mais c’est normal car ils parlent grec. Heureusement Costa et Nina aussi, comme beaucoup de médecins et d’infirmières.

Ils se gourent un peu de diagnostic, mais la médecine n’est pas une science exacte. La seconde patiente, une gamine infernale, est, elle, un vrai cas médical. Souffrant d’insuffisance rénale à la suite d’une vingtaine de scanners, qu’elle consomme à la recherche, non pas du temps perdu, comme Proust, mais d’un cancer imaginaire. À croire qu’elle se les prescrit elle-même ! Seule bonne nouvelle, un homme à poigne veille à la bonne marche de l’hôpital, son directeur, Monsieur N’Guyen, un peu autoritaire le garçon vis-à-vis des médecins, mais vous savez comment sont ces inconscients, toujours prêts à jeter l’argent par les fenêtres.

En conclusion, nous pencherons du côté du corps médical qui semble avoir mal réagi à la caricature de service hospitalier et de son personnel qui nous est présentée, et nous nous rappellerons longtemps la phrase de la stagiaire infirmière qui en dit long sur la façon dont les scénaristes voient l’humour dans la profession médicale : « Le patient allergique à ses poils, je le rase ? ».

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