LA SAISON 1 DES MARQUES QU'ON AIME (de 1960 à 2015)
Depuis 8 jours l’ambiance est désastreuse chez Sterling Cooper. Pensez, le démocrate John Fitzgerald Kennedy vient d’être élu depuis 8 jours, d’une courte tête, sur le thème de sa New Frontier (Nouvelle frontière). Et, vous savez qui il a coiffé sur le poteau ? Richard Nixon, le vice-Président républicain en fin de mandat, pour qui l’agence Sterling Cooper faisait la communication ! Tous les cadres sont réunis ce matin dans le bureau de Bert. Les chaussures sont disposées à l’entrée ; on se croirait au seuil d’une mosquée. Mais l’humeur n’est pas à la décontraction. Bert et Roger se sont servis un whisky, plus par réflexe que pour fêter un quelconque événement. Et le bureau n’a jamais paru si enfumé.
- Je te l’avais dit Don, que la télé allait avoir un terrible impact sur le vote. On n’a pas trouvé la bonne riposte à l’équipe de Kennedy et à leur pub.
- Les sondages qu’on avait faits nous disaient le contraire.
- Je me fous des sondages. Tu veux que je te repasse le spot de Nixon, en costume, à son bureau, seul et avec son air faussement décontract. Et après on le comparera avec la dernière image de JFK, en chemise, avec sa super Jacky et son John-John à côté de lui. Mais comment vous avez fait pour ne rien voir, pour ne pas sentir qu’on allait passer pour des ringards et qu’on allait se ramasser.
Roger s’emporte seul, laissant les autres interdits et Bert faussement rêveur.
-Et arrêtez de fumer, tous, ça me fout mal au crâne. Joan, va me chercher deux aspirines. 120 000 voix d’avance, j’y crois pas ! Don !
- Quoi ?
- Offre-moi une cigarette !
L’aspirine, le plus vieux médicament du monde !
New York – 17 novembre 1961
Un peu d’Histoire…
Si l’on considère que les Sumériens connaissaient déjà les vertus antipyrétiques et antalgiques (anti-fièvre et anti-douleur) des feuilles et de l’écorce de saule blanc, on peut en déduire qu’il aura fallu plus de 5000 ans pour mettre au point le premier comprimé d’Aspirine. Mais Discoride ou Hippocrate en connaissaient eux aussi les vertus. Et il est probable que pendant des siècles, de nombreux chamanes, sorciers, guérisseurs ou médecins ont utilisé le saule d’une manière empirique pour soulager leurs patients. On connaît bien l’exemple du révérend Edward qui dès le milieu du 18ème siècle, ayant observé le développement des racines de saule dans l’eau froide, préconisait l’emploi de décoction de ces racines pour le traitement des fièvres… et des refroidissements !
Mais il faut attendre l’art des premiers chimistes et des pharmaciens pour disposer d’un embryon de principe actif ; Francesco Fontana (1802-1856) isole la salicine en 1825. Quoi que certains historiens accordent cette découverte au pharmacien français Pierre-Joseph Leroux, en 1829. Successivement seront isolés l’acide salicylique puis l’acide spirique, qui donnera plus tard le nom ASPIRINE. Enfin, Charles Frédéric Gerhard (1816-1856) synthétise l’acide acétylsalicylique en 1853. Quarante années passeront avant que Félix Hoffman (1868-1946), sous la direction d’Heinrich Dreser, puis d’Arthur Eichengrün (1867-1949), fabrique l’aspirine et la commercialise le 1er février 1899.
Si l’on polémique encore à accorder la paternité (Hoffman, Dreser ou Gerhard ?) de cette découverte fondamentale pour le bien-être de l’humanité, nous savons en revanche qu’elle fit du petit fabricant allemand de colorants F. Bayer un géant mondial de l’industrie pharmaceutique.
Pour autant, le mécanisme d’action restera inconnu jusqu’en 1971, les travaux des chimistes anglais John Vane et Priscilla Piper ayant enfin permis de comprendre l’action inhibitrice de l’acide acétylsalicylique sur les prostaglandines. John Vane obtint, en 1982, le prix Nobel de Médecine pour ses travaux sur… l’aspirine !
Un médicament universel
On rappellera utilement :
- que les principales indications de l’aspirine sont : la douleur, la fièvre, le rhumatisme inflammatoire, l’insuffisance coronarienne, la prévention de la maladie thrombo-embolique, la prévention de la thrombose veineuse profonde, la spondylarthrite ankylosante, l’angor instable, la prévention des accidents vasculaires cérébraux, la prévention des récidives de l’infarctus du myocarde et la phase aiguë de l’infarctus du myocarde.
- les indications secondaires : la prévention de la toxémie gravidique, de l’hypertension gravidique et du retard de croissance fœtale.
- qu’il reste à confirmer son efficacité dans la péricardite récurrente, la thrombose des prothèses valvulaires, le traitement de fond de la migraine, l’angine de poitrine stable, l’accident vasculaire cérébral, l’hémorragie méningée, la fibrillation auriculaire, le zona, la prévention des récidives de lithiase biliaire, la prévention du cancer du côlon,
- que l’aspirine existe sous forme de comprimé à croquer, à sucer, enrobé, retard, effervescent, poudre, gélule, solution injectable et suppositoire.
Les curieux seront peut-être ravis d’apprendre que la formule de l’acide acétylsalicylique est : COOH-C6H4-O-CO-CH3, que l’aspirine est un des médicaments les plus consommés au monde, une consommation annuelle estimée à 40 000 tonnes, que plus de deux cents médicaments en contiennent et que l’anagramme d’ASPIRINE est PARISIEN, sans qu’on puisse en tirer une quelconque théorie !
Sterling Cooper Paris n’a pas dans ses clients de candidats à la présidence de la République ! Pour autant, les experts en communication Santé connaissent ces grandes séances de remise en question ! En effet la stratégie de communication à 3 ou 5 ans ou le repositionnement d’une marque sont des occasions de réflexion approfondie et décisive. La conception et la réalisation d’éléments de communication environnementale et l’élaboration de contenus digitaux peuvent parfois engendrer des fièvres… de créativité ! Ceci dit, les experts consomment très peu d’aspirine, sans doute parce que nous ne confondons pas prise de tête et mal de tête !
Paris – 20 novembre 2015
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