LA SAISON 1 DES MARQUES QU'ON AIME (de 1960 à 2015)

Ce soir, Don a bu encore un peu plus que d’habitude. Betty est montée se coucher avant que la discussion ne dégénère et n’alerte les gamins, Sally et Bobby. Elle supporte de moins en moins les retours tardifs à la maison de Don et trop d’indices la laissent persuadée qu’il la trompe.

Un dernier verre de whisky en main, affalé dans le canapé du salon, Don se laisse envahir par une douce torpeur alcoolisée. Il ferme les yeux et les souvenirs affluent sans qu’il arrive à se fixer sur une image précise. La première est floue et  fugace, celle d’une jeune femme ; une prostituée de vingt-deux ans, sa mère, morte en le mettant au monde. Qui était-elle, et qui était son père, Archibald, disparu alors qu’il n’avait pas dix ans et dont il a chassé jusqu’au nom, Whitman ? Qui suis-je, se harcèle Don ? Que reste-t-il du Dick Whitman qui a rêvé d’assassiner cet « Archie », alcoolique et violent ; qui a aussi rejeté son demi-frère Adam et qui s’est engagé à vingt ans dans l’U.S. Army pour se retrouver sur les théâtres les plus dangereux de la guerre de Corée ? Sous les ordres d’un certain Donald Draper !

Un éclair rouge passe dans les yeux de Don. Puis une explosion assourdissante et silencieuse lui traverse le crâne. L’image, insoutenable, lui envahit le cerveau. Il se prend la tête à deux mains, se tire les cheveux comme s’il voulait l’extraire de force. Le visage du vrai Donald Draper se tord dans les flammes que le jeune Dick Whitman, lui-même, paralysé par la peur, a provoquées accidentellement.

La douleur lui barre tout le front. Don se lève, et d’un pas lourd se dirige vers la cuisine. À tâtons, il déniche un tube d’aspirine, un verre, un peu d’eau et déjà le bruit des deux comprimés effervescents lui résonne douloureusement dans la tête. Mais il sait, il en a tant l’habitude, que rien d’autre ne le soulagera mieux que cette mixture au goût salée.

Les médicaments, vous les préférez comment ?

New York – 5 octobre 1961

Voilà plus de cent vingt ans que les premiers comprimés effervescents ont été commercialisés. Une invention française des Établissements Fedit et Cie, créés dans une ville, à l’époque, elle aussi, en pleine effervescence : Vichy ! Ce fut une petite révolution dans l’histoire des médicaments.

 

 

Entendons nous préalablement sur le terme « Médicament ». Si l’on en croit Le Robert, il s’agit d’une « substance active employée pour prévenir ou traiter une affection ou une manifestation morbide ». Les médicaments remonteraient alors à la nuit des temps et leur histoire se confondrait avec celle de la pharmacopée. Notre propos, ici, quel que soit le vocable utilisé, est de nous intéresser aux médicaments sous forme « solide ». Avant même qu’on synthétise chimiquement des principes actifs, des extraits de plantes médicinaux furent présentés sous cette forme. Si les premiers cachets étaient faits de cupules de pain azyme renfermant ces extraits, on réserva le nom de comprimé (compactage de poudre entre deux poinçons) à l’invention de l’Anglais William Brockedon, en 1845. Leur succès fut loin d’être immédiat, car ils étaient difficiles à avaler et l’on pensait qu’ils traversaient l’estomac sans se désagréger. Petit à petit, ces comprimés démodèrent, sans toutefois les faire disparaître complètement, les alcoolat, carminatif, catholicon, cordial, décoction, eau de…, électuaire, élixir, emmenagogue, émolient, emplâtre, eupeptique, extrait, farine, gargarisme, fumigation, julep, liqueur, macération, masticatoire, mixture, opiacé, opiat, orvietan, oximel, palliatif, panacée, philtre, potion, purgation, résolutif, suppuratif, teinture, thériaque, topique ou autre vulnéraire. Des préparations qui résumaient jusqu’alors l’ensemble des traitements « médicamenteux ». La saignée et la chirurgie faisant le reste !

 

 

Enfin, au fil des ans, le comprimé prend différentes formes galéniques qui en améliorent le mode d’administration, la tolérance ou le mode de diffusion dans l’organisme. Suivant l’effet recherché, le comprimé devient soluble, orodispersible (Lyoc), gastrorésistant, à libération prolongée, présenté sous forme de granulé, de dragée (enrobé), de capsule à enveloppe molle (gélule), d’ovule et de suppositoire. Voire de chewing-gum ! Pour ne parler que des formes galéniques solides ou souples, bien sûr !

 

Les lecteurs attentifs auront remarqué que, parmi les formes souples, nous avons oublié une forme galénique qui ne fait pas vraiment partie des comprimés, mais qui contient néanmoins le principe actif dans une enveloppe fermée. Fermée, mais pas étanche en réalité, puisqu’il s’agit des patchs et que leur principe actif diffuse à travers une membrane semi-perméable, après que le patch ait été collé sur la peau. Le premier patch mis sur le marché, en 1979, fut un patch de scopolamine contre le mal des transports. Mais c’est le Nitriderm TTS des Laboratoires Ciba-Geigy, sorti en France en 1984, qui popularisa ce type de traitement auquel on devrait réserver chez nous le nom de timbre transdermique. De nos jours de nombreux principes actifs sont diffusés sous cette forme, qu’il s’agisse de timbres antidouleurs, contraceptifs, antidépresseurs, insectifuges ou pour le sevrage au tabac.

 

 

Il faut croire que cette innovation galénique a fortement impressionné le public, et convaincu dans de nombreux cas, si l’on se réfère aux mentions de ces patchs dans la littérature populaire. Écoutez plutôt le dialogue entre Herbert Malandryn et le professeur Félix dans Lâche-le, il tiendra tout seul, un San-Antonio du 1999, alors que Félix vient de demander à son interlocuteur de bien vouloir l’arrêter dans une pharmacie :

- Puis-je savoir ce que vous prenez ?

- Du Nitriderm TTS 5. Vous touchez à la médecine ?

- Pas le moins du monde, mais mon père étant cardiaque, j’ai fini par m’intéresser à la question.

 

Personne de l’équipe Sterling Cooper ne porte de patchs, pas même de nicotine, car, par chance, on ne compte plus de fumeurs à l’agence depuis longtemps. Les seules choses qui semblent fumer dans les locaux sont les cerveaux des uns et des autres dans les périodes d’activité intense, comme c’est le cas en ce début d’automne. En effet, les experts en communication santé doivent concevoir les stratégies de communication des marques de leurs clients pour 2016. Les réunions internes et les rendez-vous client s’enchaînent pour créer des concepts de communication comme on les aime. Certains seront adressés aux professionnels de santé sous forme d’annonce presse et/ou d’ADV et d’autres seront adaptés pour la communication environnementale afin d’informer un plus large public.

Paris – 5 octobre 2015 –

ÉPISODE 1

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