LA SAISON 1 DES MARQUES QU'ON AIME (de 1960 à 2015)
Joan ne sait plus où donner de la tête ce matin. Alors qu’elle doit préparer une importante réunion avec les responsables du marketing de Chrysler, elle ne cesse de courir d’un bureau à l’autre pour distribuer mouchoirs en papier et flacon de pommade Vicks. Heureusement que les laboratoires du même nom sont un de leurs bons clients et qu’ils ne sont pas avares en échantillons. Il n’y a rien à faire, les premiers beaux jours font ressortir les tenues légères, alors que les retours de frimas et les nuits encore fraîches font le lit de toutes ces infections virales. Quand elles ne tournent pas à la pneumonie ! Résultat, Joan joue les infirmières de service et ses dossiers n’avancent pas. L’énervement la gagne de plus en plus, quand, du bout du couloir, Roger l’interpelle et lui demande de le rejoindre rapidement dans son bureau. Ce qu’elle fait, sans se hâter, rétive aux ordres, et encore plus à ceux de Roger !
- Viens, entre. Qu’est-ce que c’est que ce cirque ? La moitié d’absents et l’autre qui renifle dans les couloirs. Alors qu’on a une réunion importante dans une heure.
- Comme tous les ans, mon cher Roger. D’ailleurs je trouve que toi aussi tu as l’œil un peu brillant.
Le téléphone sonne. Roger fait signe à Joan de décrocher. « Oui, …d’accord » sont ses seuls commentaires.
- C’était qui ?
- Chrysler. Ils annulent la réunion.
- Mauvaise nouvelle ?
- Non, ils sont tous enrhumés !
En parcourant la riche histoire de l’industrie pharmaceutique, on trouve des noms de médicaments qui fleurent bon l’enfance et qui agissent sur notre mémoire comme de véritables petites « madeleines » de Proust. Évoquer Vicks, Valda et autres Pulmoll, c’est nous replonger avec délice dans une époque où l’on aimait sucer des pastilles au goût inimitable et se faire frictionner par une maman aimante de pommades chauffantes à l’odeur mentholée. Une bonne raison d’accompagner cette réminiscence d’images nostalgiques !
Réminiscence d’enfance
New York – 17 mai 1961
VICKS
Vous ne serez pas surpris d’apprendre que la formule de Vicks est née dans les années 1890, de l’idée de Lunsford Richardson, un pharmacien de Greensboro en Caroline du Nord ; il était de retour d’un voyage en France ! On n’aurait pas été non plus étonné si l’idée de cette formule à base de camphre, d’eucalyptus et de menthe lui était venue de retour d’un voyage en Malaisie où un autre produit, aux ingrédients analogues, avait été mis au point par un herboriste, Aw Chu Kin, dans les années 70 ; il allait, lui aussi, connaître une diffusion mondiale : le Baume du Tigre.
Quoi qu’il en soit, le développement fut rapide et l’entreprise créée à cette occasion prit le nom du frère de l’inventeur, un médecin prénommé Vick. En 1911, le fils de Lunsford rebaptisa Vick’s en Vicks VapoRub et en 1919, la grippe espagnole aidant, le produit inonda les foyers américains. Le succès fut tel que la marque fut une des premières à proposer, dans les années 50, une publicité à la télévision.
Rachetée par le groupe Procter & Gamble en 1985, la marque Vicks, déclinée aussi, aujourd’hui, en gouttes, pulvérisateur nasal ou inhalateur, est distribuée dans plus de cinquante pays dans le monde.
SOLUTRICINE
Si, en 2005, la Solutricine, additionnée ou non de Vitamine C, a été retirée du marché français, on peut, à la lecture de publicités anciennes, se rendre compte que les précautions médicamenteuses ont beaucoup évolué. Il était une époque où l’on pouvait lire sur les réclames: Ayons tous chez nous notre grande boîte de Solutricine-Pastilles… Aux premiers signes d’irritation de la gorge, Solutricine Pastille est là, à portée de la main, prête à nous aider. Il nous suffira de prendre la pastille « quelques fois par jour » ! Une recommandation assez désinvolte quand on sait que la Solutricine contenait, en plus d’un anesthésique (la tétracaïne), un antibiotique de la sphère ORL, la tyrothricine. À dire vrai assez peu dosé, mais peu recommandé pour autant.
Nos parents et nous-mêmes avons dû pourtant en consommer des quantités non négligeables, comme en témoigne le nombre de produits à base de cet antibiotique, dont les publicités et les conditionnements ne manquent pourtant pas d’un certain charme suranné. Qu’il s’agisse du Pectotussyl, de la Codéthricine, des pastilles Vocis, des gargarismes de Luchon, des dragées Sobio ou des tablettes de tyrothricine Lafran.
VALDA
Voilà un nom qui chante à la mémoire des plus anciens et qui n’a pas fini de nous parler car les petites pastilles vertes enrobées de sucre n’ont pas disparu, loin de là, de notre environnement médicamenteux familier. Elles nous collent pourtant au palais et aux dents depuis plus de cent ans. Depuis 1904 exactement, date à laquelle la pastille Valda fut mise au point par Henri-Edmond Canonne (1867-1961), un pharmacien lillois qui avait autant le sens de la formule pharmaceutique que celui des affaires. En effet, obsédé par les infections pulmonaires – son épouse mourut de tuberculose à 22 ans - il composa cette petite pastille à base de cinq antiseptiques naturels, l’eucalyptus, la menthe poivrée, le thym, le pin des landes et le bois de gaïac, le tout enrobé dans de la gomme arabique et d’un beau vert dû au mélange de curcuma, jaune, et de bleu patenté V. Parallèlement, il bâtit un empire industriel en s’installant à Paris rue de Réaumur, juste en face des magasins Félix-Potin, et en adoptant des méthodes publicitaires d’avant-garde. C’est ainsi que le célèbre Docteur Valda, sorti de son imagination, assura la gloire de la pastille verte, n’hésitant à mettre à contribution des acteurs et des écrivains célèbres pour vanter sa capacité à « préserver les voies respiratoires et à guérir les maladies de poitrine »*. Rien que cela !
Dans les années 1990, le laboratoire GlaxoSmithKline racheta l’entreprise. Gageons qu’ils furent plus prudents et éthiques sur les vertus thérapeutiques de la pastille plus que centenaire.
* Curieusement, une valda, en argot, est une balle d’arme à feu, en raison de sa forme sans doute et peut-être à cause de sa facilité à faire disparaître les affections de poitrine, mais celles-ci, de manière définitive !
PULMOLL
Rien qu’à l’évocation de ce nom, Pulmoll, vient en mémoire à beaucoup d’entre nous un petit goût caramélisé et réglissé très caractéristique. Plus de dix millions de boîtes furent vendues chaque année dès sa commercialisation en 1946 ; elles se retrouvèrent donc dans de nombreux foyers, et l’indication des pastilles Pulmoll déborda souvent du cadre thérapeutique pour faire place souvent à un « bonbon » de consommation courante. La pastille Pulmoll, mélange de terpine, de menthol, de menthe poivrée et d’huile essentielle d’eucalyptus était néanmoins l’héritière d’un sirop antiseptique destiné à guérir des affections de la gorge. Son inventeur, en 1926, Victor Hénin n’en était pas à son coup d’essai, ayant mis au point, dès 1910, un produit « reconstituant » toujours disponible, la Quintonine. Le sirop Pulmoll eut de beaux jours, mais la formule connut réellement du succès quand le gendre de Victor Hélin mis au point en 1946 une pastille, celle-là même que nous avons sucée avec délectation jusqu’à une date récente. L’homme s’appelait Jacques Lafarge, il construisit une usine à Châteauroux, non loin de Marigny, le village de sa belle-famille, et donna son nom à un laboratoire pharmaceutique qui ne tarda pas à se développer rapidement. Ce n’est qu’en 1976 que Jacques Lafarge céda son entreprise florissante aux laboratoires Sanofi. Retirées du marché en 2011, les pastilles Pulmoll existent encore sous ce nom, mais débarrassées de principes actifs et devenues, cette fois-ci, de véritables bonbons, inoffensifs dans le cadre d’une consommation raisonnable.
L’Agence Sterling Cooper est au complet et d’attaque pour les réunions de la journée. Il faut dire que le soleil et la chaleur ont été plutôt timides en ce début de printemps. Et chacun est resté bien couvert. À l’abri des rhinopharyngites fréquentes à cette époque. Et justement, aujourd’hui, les experts en communication Santé réfléchissent à la meilleure stratégie possible pour expliquer et informer les médecins ou les patients sur les pathologies courantes ou plus complexes, que ce soit sur des supports imprimés ou sur le web. Ils réunissent alors les dernières publications scientifiques, rencontrent les experts médicaux du domaine et font appel à l’entité Draper Pryce Edition, qui a un statut d’éditeur indépendant. Ensemble ils élaborent un plan opérationnel d’éditions médicales et scientifiques, une communication accessible à tous, comme on les aime !
Paris – 20 Mai 2015 –
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